Lundi
13 avril 2015 : Bordeaux
– Istanbul - Shiraz
Nous
étions inscrites à ce voyage organisé par l'association Traverse
depuis plus d'un an. Malgré quelques hésitations liées à
l'actualité (notamment « Charlie » en Janvier), les
indications du site du ministère des affaires étrangères
déconseillant la visite de l'Iran, les remarques des amis ou famille
en annonçant notre destination, nous bouclons nos valises sans trop
d'inquiétude. Personnellement, mon angoisse viendra plus d'une
infection dentaire déclarée la veille du départ avec visite chez
le dentiste de garde et la prescription d'antibiotiques ! Avec
Monique, nous descendons en voiture à Bordeaux et décidons de
tester Tripndrive (parking
gratuit
avec navette pour l'aéroport + gain d'argent si la voiture est
louée). Nous retrouvons le groupe constitué de 19 personnes et
embarquons pour Istanbul puis Shiraz dans le sud-ouest de l'Iran
(départ à 14H30 de Bordeaux et arrivée à 3H00 du matin à Shiraz
avec 2H30 de décalage horaire). Avant de descendre de l'avion, les
femmes mettent toutes leurs foulards obligatoires en Iran.
Normalement nos visas devaient être prêts mais... nous remplissons
des formulaires et attendons.
A 4H15, nous passons la douane. Mohamed
notre guide nous a rejoint. Le bus nous conduit à l'hôtel pour une
courte nuit (coucher à 5H30 pour un lever à 9h !).
Mardi
14 avril : Shiraz
Shiraz,
ancienne capitale de l'empire Perse, est aujourd'hui un centre
culturel et artistique important. La ville est réputée pour ses
fleurs. Nous le vérifions dès notre 1ère visite dans le jardin ou
se trouve le tombeau du poète Hafez. Les iraniens vénèrent leur
poète et cela se voit et s'entend à leur attitude près du tombeau.
De jeunes écoliers et écolières en uniforme sont présents : les
filles portent le voile à partir de 9 ans.
A la sortie du jardin,
des enfants nous proposent contre quelques rials le tirage d'un petit
papier par un oiseau pour prédire notre avenir. Tout n’est
que poésie ici !
Nous nous rendons ensuite à pied à la mosquée.
Les femmes, nous devons nous couvrir d'un autre voile ! L'intérieur
est une mosaïque de miroirs.
Nous déambulons ensuite dans un autre
jardin (Baq-e-Eram). Les odeurs sont agréables Des iraniens nous
accostent très gentiment et essaient d'échanger avec nous en
français ou en anglais . Des couples sont installés à l'ombre et …
à l'abri des bosquets.
La
pause déjeuner est bienvenue. Une soupe et un assortiment de viandes
accompagné de riz constitueront comme bien souvent notre menu. C'est
bon.
Une petite sieste à l'hôtel et c'est reparti : nous longeons
la citadelle, changeons de l'argent. Avec 140 euros, nous obtenons 5
millions de rials : le porte monnaie est un peu petit pour autant de
billets.
Nous visitons ensuite la mosquée en rénovation : 48
piliers et mosaïques de fleurs.
Monique et moi dans une tenue peu habituelle devant la mosquée ! |
Minbar |
Mercredi
15 avril : Shiiraz – Persépolis -Jadz (460 kms)
Nous
partons pour Persépolis , ancienne capitale de l'Empire Perse sous
Darius 1er et suivants (VIème siècle av JC) et détruit
par Alexandre le Grand en 331 av. JC. Le site est extraordinaire même
pour la non-passionnée d'histoire que je suis ! Ce que nous voyons,
c'est le Persepolis tel qu'il fut après sa destruction, car il ne
fut jamais réoccupé. Le site est très bien conservé.
Nous entrons
par la porte des nations avec ses sculptures gigantesques de taureaux
ailés à tête humaine.
L'immense frise nous permet d'observer tous
les détails des différents peuples apportant leurs offrandes au
roi. Nous ferons la visite accompagnée de jeunes écolières. Une de
leurs institutrices nous fera comprendre qu'elle porte le voile à
contre-cœur !
Photo de groupe n°1 avec foulards |
Après
quelques kms en bus, nous nous arrêtons pour voir 4 tombeaux dont
celui de Darius. Certains datent d'avant JC et d'autres après
(archéménites, hellinistes, sassanides : je m'y perds !
Heureusement ordre alphabétique = ordre chronologique sauf que
Darius III après Xerxés...).
Nous
retrouvons notre bus confortable pour nous diriger vers Parsagades et
le tombeau de Cyrus.
Notre chauffeur oublie de s'arrêter. 30 kms plus loin nous faisons ½ tour. Dès l'arrêt, je me précipite : sans Jacky, je faisais pipi dans … la salle de prières que de loin j'avais pris pour des toilettes !!!! Le tombeau est beaucoup moins impressionnant que ceux observés le matin.
Notre chauffeur oublie de s'arrêter. 30 kms plus loin nous faisons ½ tour. Dès l'arrêt, je me précipite : sans Jacky, je faisais pipi dans … la salle de prières que de loin j'avais pris pour des toilettes !!!! Le tombeau est beaucoup moins impressionnant que ceux observés le matin.
Il nous reste
ensuite 300 kms pour rejoindre Jazd. Nous faisons une pause photo
devant une « glacière » en pisé, qui permettait de
conserver la nourriture durant toute l'année malgré la chaleur de
la saison chaude.
La route est rectiligne au milieu d'un plateau
désertique et rocailleux (brume de poussière et de pollution). Nous
faisons un petit détour avant Yazd sous escorte policière car notre
passage n'a pas été signalé et enregistré à une bifurcation !
Nous arrivons tard dans notre hôtel pour le dîner. Dans la chambre
comme dans tous les hôtels en Iran, une flèche indique au plafond
la direction de la Mecque pour la prière. Un Coran est également à
notre disposition.
Jeudi
16 avril : Yadz -Ispahan (270 kms)
A
Yazd, une des villes les plus anciennes du monde, vit une petite
communauté zoroastrienne. L'arrêt à une tour du silence (lieu ou
étaient déposés jusqu'en 1975 les défunts) puis au temple du feu
(avec une flamme sacrée qui brulerait sans interruption depuis l’an
470 ) nous permet de comprendre dans les grandes lignes cette
religion antique monothéisme toujours vivante en Iran.
«
Le zoroastrisme fut la religion d'Etat depuis la grande époque de
l'empire Perse (-651 av JC) jusqu'à la conquête arabe. La doctrine
est fondée sur la bonne pensée, la bonne parole, la bonne action.
Le
Farvahar est placé sur tous les frontons des temples zoroastriens.
Dans tous les temples zoroastriens, le feu brûle et ne doit jamais s’éteindre. Le zoroastrisme apparaît comme une philosophie de l’environnement avant l’heure puisque la propreté des éléments essentiels à la vie, à savoir l’air, l’eau, la terre et le feu, doit être assurée en tout temps »
Dans tous les temples zoroastriens, le feu brûle et ne doit jamais s’éteindre. Le zoroastrisme apparaît comme une philosophie de l’environnement avant l’heure puisque la propreté des éléments essentiels à la vie, à savoir l’air, l’eau, la terre et le feu, doit être assurée en tout temps »
Pendant qu'une partie du groupe achète des pâtisseries locales, l'autre découvre par hasard une salle ou se pratique le zourkhâneh (cf description de ce sport à Ispahan) avec en dessous une veille citerne. L'alimentation en eau de cette ville au milieu du désert est assurée par un système de canaux souterrains.
Avant le
déjeuner, nous visitons la mosquée du Vendredi du XIVeS
avec son haut portail surmonté de 2 minarets.
Il fait chaud mais la
très jolie vieille ville dans laquelle nous déambulons
l'après-midi avec ses dédales de ruelles et ses maisons construites
en pisé garde une certaine fraicheur. Nous montons sur le toit
d'un petit café pour avoir une vue plus générale de la ville mais
aussi pour voir des cours intérieures avec jardinet et les «tours
du vent» (hautes cheminées rectangulaires capturant l’air frais,
lequel descend ensuite ventiler les foyers).
Alimentation en gaz |
Nous
reprenons le car pour rejoindre Ispahan avec une pause dans un super
caravansérail et … de nouveau un ½ tour de 20 kms pour éviter
une nouvelle escorte policière (contrôle de police obligatoire
« raté »).
Premières impressions nocturnes d'Ispahan :
ville propre avec des magasins comme chez nous, femmes certes voilées
mais au minimum et très bien habillées.
Vendredi
17 avril : Ispahan
Nous
resterons 2 nuits à Ispahan car il y a beaucoup à faire dans cette
merveilleuse ville. « Ispahan a été capitale de l'empire
perse sous la dynastie des Safavides entre le XVIe siècle
et le XVIIIe siècle - source Wikipédia ! »
Nous partons dès 7H30 avec un arrêt rapide au pont Khaju
pour être les premiers à se présenter à la mosquée du Vendredi,
la plus grande d'Iran. Elle date du XIème siècle et pendant 6
siècles tous les styles se sont mélangés au gré des
agrandissements ou des améliorations. Elle est magnifique et immense
avec ses motifs sculptés, ses piliers, ses arches et voutes jamais
identiques, ses mosaïques...
A la sortie de la mosquée : chercher l'intrus ! |
Devant le palais, de
jeunes iraniennes d'une école d'arts sont en plein travail … avec
le sourire. A la sortie, Patrick prend le thé avec une famille
s'installant pour un pique-nique. Les iraniens sont très
accueillants avec une certaine douceur de vivre et se laissent
facilement photographier (même si personnellement je n'arrive pas à
« flasher » les gens !).
Nous
assistons ensuite à une démonstration de Zurkhaneh, le sport
traditionnel iranien . C'est un mélange d'épreuves physiques et de
souplesse au rythme du son d'un tambour et des incantations au
prophète et à sa famille. Les sportifs soulèvent des massues ou
des chaînes de poids variables, tournoient sur eux-même, font des
pompes... Malgré la qualité du spectacle, avec la chaleur et la
fatigue, nos yeux se ferment !
Le
repas pris au milieu de familles iraniennes (nous sommes vendredi,
jour férié) nous retape. Il le faut car, si la visite du quartier
arménien est repoussée au lendemain (église fermée), notre journée
est loin d'être terminée.
La
visite du palais royal aux 40 colonnes (époque : sous Shah Abbas II,
XVIIe Siècle) sera l'objet de quelques défoulements
verbales en observant à l'extérieur des peintures de femmes
dénudées !
Puis nous nous rendons à l'immense place royale de
l'Iman, la plus grande place fermée du monde, délimitée par les
mosquées, le bazar et le palais Ali Ghapou.
Avant
la visite de la petite mosquée, nous faisons une pause thé dans un
sympa petit troquet dans le bazar.
Cette
mosquée sans minaret et sans cour intérieure est composée d'une
unique salle de prière tapissée de faïences bleues. Un rayon de
lumière se reflétant sur la coupole laisse apparaître la queue
d'un paon dont la figuration, comme celle de tout autre animal ou
homme, est interdite dans une mosquée.
Par
petits groupes, nous déambulons ensuite tranquillement dans le bazar
: achats de nougats, pistaches, gâteaux, observation de l'artisanat.
La
pause à l'hôtel est bienvenue. Après le dîner, quelques membres
du groupe se retrouvent pour découvrir les ponts le
soir. L'ambiance est agréable, les gens flânent, nous échangeons
brièvement avec quelques iraniens qui ne demandent que ça.
Nous
partons à pied de l'hôtel pour observer de jour cette fois le pont
aux 33 arches.
Nous avons ensuite un avant goût de l'Arménie avec
la cathédrale Saint-Sauveur
(construite entre 1655 et 1664, après que les Arméniens eurent été
déportés sur Ispahan par le chah). Vue de la rue, la cathédrale a
le même aspect qu'une mosquée si ce n'est la croix au sommet du
dôme. L'intérieur est recouvert de fresques représentant les
différentes scènes de la vie du Christ. Les illustrations sont très
lisibles, les couleurs chatoyantes. Je révise mes connaissances de
l'évangile !
Nous
retournons sur la place royale pour visiter la grande mosquée. C'est
impressionnant : mes yeux (et mon appareil photo) n'arrivent pas à
tout voir.
Nous échangeons avec 2 mollahs qui défendent un Islam tolérant sans rapport avec le Daesh.
Je commence à cerner un peu les différences entre les chiites et les sunnites. En un résumé très bref : la scission de ces deux courants de l’islam remonte à la mort du prophète Mahomet, en 632 pour une question de successions. Chez les sunnites (majoritaires), il n’y a pas d’intermédiaire entre le croyant et Allah, et l’imam est l'homme qui dirige la prière en commun . Les Chiites, emmenés par l'Iran, n'utilisent pas le terme Imam car il est réservé aux 12 descendants du prophète, qui ont eu pour mission l’interprétation du Coran. Le 1er d'entre eux est bien sûr Ali, cousin du prophète. Contrairement au sunnisme, le clergé chiite est donc très hiérarchisé. Moi qui m'interrogeait sur la différence entre Mollah et Iman : Mollah chiite et Imam sunnite sont équivalents ! Plus de détails sur Internet !!!!!
Nous échangeons avec 2 mollahs qui défendent un Islam tolérant sans rapport avec le Daesh.
Je commence à cerner un peu les différences entre les chiites et les sunnites. En un résumé très bref : la scission de ces deux courants de l’islam remonte à la mort du prophète Mahomet, en 632 pour une question de successions. Chez les sunnites (majoritaires), il n’y a pas d’intermédiaire entre le croyant et Allah, et l’imam est l'homme qui dirige la prière en commun . Les Chiites, emmenés par l'Iran, n'utilisent pas le terme Imam car il est réservé aux 12 descendants du prophète, qui ont eu pour mission l’interprétation du Coran. Le 1er d'entre eux est bien sûr Ali, cousin du prophète. Contrairement au sunnisme, le clergé chiite est donc très hiérarchisé. Moi qui m'interrogeait sur la différence entre Mollah et Iman : Mollah chiite et Imam sunnite sont équivalents ! Plus de détails sur Internet !!!!!
Notre
guide dénigre facilement les religieux au pouvoir et nous dit qu'un
bon nombre d'iraniens pense la même chose que lui. Quoi en penser ?
Nous remarquons simplement dans les rues les nombreuses affiches avec
l'ayatollah Khomeini ( a l'origine de la révolution islamique
renversant le shah d'Iran en 1979) et Khamenei (son successeur en
1989 et actuel guide suprême – à ne pas confondre avec le
président Rohani !) ainsi que des photos des martyrs de la guerre
Iran-Irak.
Nous profitions d'une heure de temps libre pour déambuler de nouveau avec Monique dans le bazar. Nous retrouvons le groupe pour le déjeuner pris assis sur des tapis.
Nous visitons ensuite le palais Ali Qapu. Pour accéder à la salle de musique au 6ème étage, nous devons monter des marches inégales. Nous découvrons une salle avec des alvéoles réalisées en stuc permettant la diffusion du son aux différents étages. Nous avons aussi une très belle vue de l'ensemble de la place royale.
Avant de quitter Ispahan, nous nous arrêtons chez l'inévitable marchand de tapis. Certains de ces tapis sont tissés entièrement en soie et recto-verso. Quelques membres sortent leur carte bleue ! (photo distributeur pour apprendre les chiffres arabes !!!)
Nous profitions d'une heure de temps libre pour déambuler de nouveau avec Monique dans le bazar. Nous retrouvons le groupe pour le déjeuner pris assis sur des tapis.
Nous visitons ensuite le palais Ali Qapu. Pour accéder à la salle de musique au 6ème étage, nous devons monter des marches inégales. Nous découvrons une salle avec des alvéoles réalisées en stuc permettant la diffusion du son aux différents étages. Nous avons aussi une très belle vue de l'ensemble de la place royale.
Avant de quitter Ispahan, nous nous arrêtons chez l'inévitable marchand de tapis. Certains de ces tapis sont tissés entièrement en soie et recto-verso. Quelques membres sortent leur carte bleue ! (photo distributeur pour apprendre les chiffres arabes !!!)
Dimanche
19 avril : Téhéran
Ce
n'est pas la grande forme en ce qui me concerne et visite de Téhéran
en conséquence ! Musée archéologique, musée des verres et
céramiques, puis du car nous percevons la circulation démentielle
dans la ville. Les femmes dans les bus sont à l'arrière, non
mélangés aux hommes (soi-disant pour éviter les harcèlements !).
Patrick photographie sans faire attention des militaires. Mauvaise
idée : ceux ci aussitôt nous arrêtent et montent dans le car pour
nous rappeler que nous sommes dans un régime totalitaire (pas de
conséquence pour nous les touristes, mais le guide se voit consigner
ce fait ce qui pourrait lui poser des problèmes pour renouveler sa
carte de guide). Depuis le début du séjour nous sommes agréablement
surpris de pouvoir flâner sans avoir l'impression d'être surveillés.
Mais quel est le rôle de l'aide chauffeur ? Nous ne le saurons pas !
Nous faisons ensuite une longue pause à la tour Azadi inaugurée
en octobre 1971 pour la commémoration du 2500e
anniversaire de l'Empire perse.
Nous rejoignons la gare pour prendre
le train de nuit direction Tabriz. Je prends une photo montrant qu'en
Iran suivant le calendrier persan nous sommes le 30 janvier 1394
(passage à la nouvelle année au 1er jour du printemps).
Nous sommes
par compartiment de 4. Nous partons à 18H20 (belote pour certains,
occupations diverses pour d'autres, dîner et … dodo) et arrivons à
Tabriz à 7H00.
Lundi
20 avril : Tabriz
Dès
notre arrivée, nous rejoignons dans un nouveau bus le village de
Kandovan à environ 1H30 de Tabriz. Le
site est semblable aux villages troglodytes de Cappadoce (en moins
bien toutefois pour moi !).
Nous allons ensuite à l'hôtel à Tabriz pour déjeuner et pour
récupérer avec une petite sieste avant la visite de la mosquée du
XVeS
(en partie détruite par un tremblement de terre) et un peu décevante
par rapport à Ispahan.
Nous avons de nouveau du temps libre pour
nous égarer dans le bazar (immense : un des plus grands bazars
couverts du monde). Monique et moi essayons au début de nous
orienter mais nous abandonnons bien vite et marchons au hasard :
bazar moins touristique (bijoux, épices, viandes, vaisselle,
lessives, foulards, fruits et légumes...) et plus de femmes en
noires avec le maghnaeh (foulard qui s'enfile sous forme de cagoule).
Nous rejoignons la sortie sans problème (!!!) et trouvons après
quelques difficultés un « café » pour prendre une
boisson. Le car nous ramène à l'hôtel. Pour une fois nous sommes
de bonne heure dans notre chambre !
Mardi 21 avril : Tabriz – Frontière arménienne – Goris (320 kms)
Nous
quittons Tabriz à 7H30. Mohamed va nous quitter et nous chante une
mélodie traditionnelle sur l'amour dans le bus. Nous traversons une
très jolie chaîne montagneuse : roches marrons, puis du vert, du
rouge (les coquelicots) et du blanc (sommets enneigés). Nous
longeons une rivière marquant la frontière avec l'Azerbaïdjan.
Après un peu plus de 3 heures de route, nous nous arrêtons à la
frontière à Norduz. Nous disons au revoir à Mohamed et passons à
pied sur un pont la zone de no
man’s land
entre l'Iran et l'Arménie. Nous enlevons avec plaisir nos voiles
(une du groupe s'en débarrasse un peu trop vite et se fait reprendre
par le militaire iranien !!!).
Nous
reculons nos montres d'une ½ heure. Nous sommes accueillis par
Azniv notre guide et Spartak notre chauffeur. Le bus est moins
confortable que les cars iraniens ! Azniv
est l'opposé de Mohamed : maîtrise du français, volubile, avec
énormément de connaissances et de passion pour son pays.
Nous
prenons une petite route précédée d'une voiture pour nous guider
car avec la fonte des neiges la route habituelle est coupée.
L'Arménie est très montagneuse mais les paysages sont magnifiques.
Pendant ces 4 jours, nous montons et descendons des cols et ne
faisons pas d'excès de vitesse vu l'état des routes !
L'Arménie
est indépendante depuis 1991 mais est en conflit avec deux de ces
pays frontaliers : la Turquie qui n'a pas reconnu le génocide de
1915 et l'Azerbaïdjan qui revendique le Karabakh.
Sur une population arménienne mondiale estimée à 11 millions de personnes, seuls 3,3 millions résident en Arménie. Les ressources
naturelles sont faibles (énergie dépendant à 80% des russes et
passant par la Géorgie), le pays est enclavé (frontières ouvertes
uniquement avec Iran et Géorgie), les sites industriels datant de
l'époque russe délabrés. Le pays est essentiellement agricole. Malgré ou à cause de toutes ses difficultés, nous ressentons très
fortement le sens de l'hospitalité des arméniens.Cela commence
avec un excellent repas chez l'habitant : une multitude de petits
plats (pas de riz mais du pain « lavash = fine feuille de pâte
souple) et … d'alcool notamment l'eau de vie locale très appréciée
par mes collègues de voyage (sous antibiotiques : je préfère
m'abstenir !!!) et aussi par quelques iraniens n'hésitant pas à
passer la frontière le week-end.
Après
avoir roulé tout l'après-midi, nous arrivons à Goris. Nous nous
baladons accompagnés d'enfants.
Nous
avons ensuite une explication détaillée de la fabrication de l'eau
de vie de mûres avec bien sûr la dégustation.
Chez l'habitant,
autour du poêle , une discussion très intéressante s'engage sur la
vie en Arménie : l'éducation, le service militaire (obligatoire et
de 2 ans)....
De nouveau , un très bon repas varié et équilibré
nous est ensuite servi. Tout comme le midi et les repas à venir,
nous avons au choix en entrée différents plats (feuilles de vignes,
crudités, houmous...)
puis le plat de viande en quantité accompagné de légumes farcis, et enfin un dessert aux framboises. Tous les plats froids ou chauds arrivant en même temps, il n'y a plus de place sur la table et ...dans mon estomac ! Le repas est suivi du discours du Tabada pour remercier nos hôtes (Hugues accomplit très bien cette tâche) et de quelques pas de danses.
puis le plat de viande en quantité accompagné de légumes farcis, et enfin un dessert aux framboises. Tous les plats froids ou chauds arrivant en même temps, il n'y a plus de place sur la table et ...dans mon estomac ! Le repas est suivi du discours du Tabada pour remercier nos hôtes (Hugues accomplit très bien cette tâche) et de quelques pas de danses.
Hugues : notre tabada |
Azniv : notre guide |
Mercredi
22 avril : Goris – Erevan (270 kms)
Nous
partons visiter le monastère de Tatev( IX-XII ème s.)
Malheureusement, nous sommes dans la brume. Cela donne une atmosphère
très particulière. Nous montons en bus pour redescendre par le plus
grand téléphérique en dénivelé du monde datant de 2010 : 11 mn
de traversée, très belle vue du canyon parait-il !!!! 3 moines
résident au monastère. Tatev signifie Dieu donne des ailes.
Puis de
nouveau le bus avant la pause déjeuner comme d'habitude chez
l'habitant : nous mangeons dehors sous le soleil, quel contraste avec
le brouillard et le froid du matin ! Nous nous arrêtons ensuite au
monastère de Noravank (X-XIIème s.) après avoir emprunté une
petite route au milieu d'un canyon de roches rouges.
Azniv nous
explique le tympan de l'église, les détails architecturaux
notamment des khatchkar
(« stèle en pierre de forme arquée ou rectangulaire sculptée
d'une ou de plusieurs croix accompagnée souvent d'un décor
ornemental» ) : je décroche !
Nous remontons dans le bus : les
paysages sont toujours aussi variés et jolis (montagnes vertes aux
sommets enneigés, cigognes, vergers en fleurs...).
Nous nous
arrêtons dans un autre monastère avec une vue sur le mont Aarat.
Nous sommes aux frontières de l'Iran, de l'Azerbaïdjan et de la
Turquie. Nous distinguons les barbelés et miradors délimitant les
frontières. Nous arrivons assez tard à Erevan. Après le dîner,
nous nous installons pour 2 nuits dans un hôtel très sympa,
agréablement décorés avec des objets de l'artisanat arménien.
Jeudi
23 avril : Erevan
C'est
une journée particulière car nous sommes à Erevan la veille des
célébrations du centième anniversaire du génocide arménien.
Demain, des chefs d'état (dont François Hollande) seront présents
et la ville sera bouclée pour des raisons de sécurité. Azniv nous
a remis un pin's « Myosotis », fleur choisie pour
symboliser la commémoration du génocide. Le noir représente la
période noire, le jaune les 12 provinces, le violet clair l'avenir
et le violet foncé la religion actuelle.
Après la visite d'une
église, nous nous rendons à Etchmiadzine, ancienne capitale et
siège de l'Eglise arménienne.
« 95% des arméniens appartiennent à l'Eglise apostolique.
Celle-ci s'est séparée des autres églises chrétiennes à la suite
du concile de 451. Différence entre dogme chrétien et église apostolique : cette dernière réfute la double nature de Jésus (divine et humaine) et ne retient que la nature divine. Son chef suprême porte le titre de catholicos. Le
titulaire actuel est Garéguine II, depuis 1999 ».
Nous
assistons en partie à une cérémonie dans la cathédrale avec une très belle chorale : nous
ressentons l'émotion et la ferveur des arméniens.
Puis sur le site
de Zvartnots (cathédrale circulaire à 3 étages du VIIème s. mais
effondrée lors du séisme du Xème s.), nous écoutons 2 chanteurs
d'opéra. Après le repas dans un restaurant (des femmes derrière une vitre fabriquent le lavash), nous visitons l'institut des manuscrits anciens « Maténadaran ».
Photo de groupe n° 2 sans foulard ! |
Nous poursuivons notre journée chez un luthier qui a inventé et fabriqué son propre instrument : des doudouk. Ce sont des sortes de flûtes sculptées dans du bois d'abricotier. Il nous explique dans son atelier la fabrication de cet instrument. Nous passons un moment agréable dans son jardin à déguster pâtisseries et fruits divers tout en souhaitant à Monique un bon anniversaire !
De retour à l'hôtel, certains repartent en métro à Erevan. Je préfère me reposer pensant participer à la marche prévue le soir pour la commémoration du génocide. Finalement nous renonçons et suivons les commémorations et le concert précédant la marche à la TV.
Vendredi
24 avril : Erevan – Lac Sevan – Haghbat (190 kms)
Nous
quittons Erevan pour le nord du pays en direction du lac Sevan. Il a
beaucoup neigé dans la nuit. Azniv nous dit que
c'était la même chose il y a 100 ans ! Nous nous arrêtons pour
ramasser une roche volcanique noire et brillante : l'obsidienne
.Nous sommes à 2000 m d'altitude. La prochaine halte est au lac
Sevan, l'un
des plus vastes lacs d'altitude du monde. Une partie du groupe grimpe
la centaine de marches enneigées et glissantes menant à 2
monastères. Cette balade dans la neige me fait du bien même si la
tenue et les chaussures ne sont guère adaptées !
Nous rentrons dans 2 monastères : dans l'un d'entre eux, un khatchkar avec une présence humaine ce qui rare.
Nous redescendons prudemment et retrouvons le reste du groupe regardant à la télé les retransmissions des commémorations à Erevan : beaucoup d'émotions.
Nous faisons quelques emplettes dans un petit village et déjeunons de nouveau chez l'habitant : l'eau de vie de framboise est appréciée ! Nous nous arrêtons ensuite chez les molokans : environ 1000 habitants d'origine russe formant une communauté chrétienne et vivant de la terre en autarcie. Thé au samovar, petits gâteaux sont servis par une femme parlant comme la plupart des molokans en russe. Azniv nous traduit.
Le dernier arrêt de la journée est au monastère de Haghbat (église cruciforme à coupole – X à XIIème s). L'hôtel est près du site. Ce sera notre dernière nuit en Arménie.
Samedi
25 avril : Haghbat – Tbilisssi (130 kms)
Après
40 kms nous passons la frontière Arménie-Géorgie sans problème.
Les paysages sont plus plats. A Tbilissi,nous retrouvons Lili guide
Géorgienne qui avait accompagné une partie du groupe lors d'un
précédent voyage. Elle nous conduit aussitôt dans un théâtre ou
nous assistons à la dernière répétition d'un groupe folklorique
professionnel : « Erisioni Georgian Tresure ». C'est
absolument génial. Nous sommes dans une grande salle ou les danseurs
et danseuses entrent et sortent de manière aérienne en nous
frôlant. Vraiment un bon moment.
Après avoir laissé nos bagages à
l'hôtel, nous déambulons pendant environ 4 heures dans Tbilissi. La
ville est très agréable avec une grande variété dans
l'architecture et en ce samedi … un grand nombre de mariages !
Nous
assistons aussi à une célébration cette fois ci orthodoxe ! Les
gens sont debout et circulent derrière le pope et font le signe de
croix à l'envers. Pour notre dernière soirée, Lili a réservé un
dîner avec spectacle. Mais nous sommes fatigués, c'est très
bruyant et … nous devons nous lever à 1H du matin !!!!
Dimanche
26 avril : Tbilissi – Istanbul - Bordeaux
La
nuit a été ultra courte. A 1H 25, nous partons pour l'aéroport.
Hugues a oublié son téléphone portable à l'hôtel. Azniv retourne
en taxi le chercher et nous retrouve à l'aéroport. Nous lui disons
au revoir et merci pour tout. Et … nous attendons car le vol a
presque 3 heures de retard. Belote, sieste à même le sol : chacun
tue le temps comme il peut. Nos mines sont défaites !!!! L'escale
est ainsi moins longue à Istanbul. Nous arrivons à Bordeaux à
l'heure prévue. Monique récupère sa voiture intacte (elle a été
louée) et nous arrivons à Mesnard vers 18H (20H à Tbilissi). Et le
lendemain le travail …. La reprise sera dure !